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INTRODUCTION

La relation entre l’homme et la nature est une opposition. D’où, l’apparition d’une activité de l’homme sur la nature. Cette activité médiatrice est le travail. Raison pour laquelle, l’homme pour Karl Marx n’est pas simplement un être qui vit dans la contemplation dans la spéculation, mais un être qui est en action, c’est-à-dire qui travaille en vue de la satisfaction de ses besoins et ceux des autres. Le travail selon le dictionnaire le petit Larousse est une activité de transformation de la nature propre aux hommes, qui les met en relation et qui est productrice de valeur. Le dictionnaire de philosophie définit le travail comme au carrefour de deux significations. D’abord, le travail veut dire effort afin de surmonter une résistance. D’où, l’aspect de lutte dans le travail, car l’homme doit travailler pour arracher sa survie dans la nature. Ensuite, le travail renvoie à ce qui travaillé, recherché, élaboré, cultivé, à l’encontre de ce qui est brut, grossier, non ouvragé.

En effet, le travail est une activité humaine par excellence. Il est une activité de l’homme sur la nature et en rapport avec les autres de la société. Pour le distinguer du jeu, le travail est une activité de production qui vise l’utilité sociale. Cependant, la question fondamentale qui se pose est celle de savoir si le travail est une nécessité existentielle pour l’homme. En tant qu’activité par excellence, le travail assure-t-il à l’homme un épanouissement de sa personnalité et une édification de son être ? Pour ce thème précis, notre travail s’articulera sur trois grands : les différentes conceptions sur le travail ; le caractère social du travail ; et enfin les problèmes sociaux du travail.

  • LES DIFFERENTES CONCEPTIONS DU TRAVAIL

Ce point vise à présenter le travail sous ses différentes conceptions à savoir : conception dans l’Antiquité, conception dans la Bible et la conception dans la philosophie moderne.

  1. Les conceptions négatives du travail
    1. La conception classique et païenne du travail

Dans l’Antiquité grecque et romaine, le travail était uniquement réservé aux esclaves considérés comme « machines humaines » selon l’expression d’Aristote (cf. Aristote et politique, trad. Francis Wolff, Paris, PUF, 1991, p.78.). En cette époque, le travail est le fait des esclaves, il était associé à la peine et à l’absence de la liberté, car soumis aux rudes nécessités de la vie biologique.

L’Antiquité a connu, en revanche une véritable culture de loisir. La Grèce par exemple inventait la philosophie et le sport, le dialogue socratique et les jeux olympiques. Et le loisir par excellence était l’étude (schola) d’où le mot école est tiré. Mais tout cela ne concernait que les hommes libres de la cité grecque, qui représentaient qu’une minorité. Il s’agit notamment des philosophes, des savants, des magistrats et des soldats. D’où, pour Platon, le travail physique est une activité impure et essentiellement exercé pour purifier les âmes condamnées. Raison pour laquelle dans la constitution de la cité idéale, le travail physique était réservé à la troisième classe sociale constituée des artisans, des agriculteurs et des esclaves (Platon, la République livre IV, Paris, Gallimard, 1950.). Aristote quant à lui, pensait que le travail physique est inutile en tant qu’il opprime l’intelligence, donc il est réservé aux esclaves. D’où, il dit « l’esclave est celui qui par nature ne s’appartient pas, mais qui est l’homme d’un autre. Sa fonction est d’être un instrument en vue de l’action » (Aristote et politique, p. 78.). Le monde grec avait une vision négative du travail, activité nécessaire à la survie physique de l’homme mais dénuée de toute dignité sociale, réservée aux femmes et aux esclaves. Le lieu où s’exprimaient la dignité et la liberté de l’individu, ou plutôt du citoyen était la polis, l’espace public de l’action, de la parole et des arts (cf. Annah Arendt, L’avenir du travail, in Esprit, Août-Septembre, 1994, p.102.)

  1. Les conceptions bibliques du travail

La Bible dit que Dieu lui-même a travaillé pendant six jours. Ce travail de Dieu serait la source et le modèle de tout travail humain. Créé à l’image de Dieu, l’homme est appelé à travailler et à dominer la création. Dieu établit l’homme dans le jardin d’Eden pour le garder et le cultiver (Gn 1, 26, Gn 22). Le travail devient une mission divine qui doit préparer l’avenir de l’homme.

En effet, la Bible va dans le même sens que la conception classique et païenne lorsqu’elle fait du travail la conséquence du Péché Originel. Avec la chute de l’homme après le Péché Originel, le travail devient pour l’homme une malédiction et une sanction divine. Cette malédiction qui entraine la souffrance et la peine indique à l’homme le chemin qu’il doit suivre sur cette terre. Le travail devient une contrainte pénible, car l’homme doit vivre à la sueur de son front. La vie qu’il gagner facilement, il l’a gagne désormais durement par le travail le jour au jour. Le travail devient pour l’homme un combat douloureux. Malgré tout, nul n’ignore que tout travail, quelque soit sa nature, physique ou intellectuelle est une activité qui exige plus d’efforts qui s’accompagnent de la douleur ou de la souffrance.

  1. L’exaltation du travail humain

Malgré les conceptions négatives du travail, celui-ci serait considéré dans les philosophies modernes comme moyen de libération pour l’homme, comme nécessité vitale et comme essence de l’activité humaine.

2-1 Le travail comme moyen de libération

Dans la Phénoménologie de l’esprit, Hegel montre l’esclave se libérant de sa servitude par le travail. Dans la dialectique du maitre de l’esclave, Hegel oppose deux hommes qui doivent s’engager dans une lutte à mort, pour la reconnaissance de la puissance et de la liberté de l’autre. La liberté étant reconnue comme une valeur essentiellement humaine.

Dans un premier temps, la lutte fait de l’un vainqueur et de l’autre vaincu. Le vainqueur devient maitre et le vaincu devient esclave qui doit travailler pour le vainqueur. De ce fait, le maitre exprime à cet égard l’idée de la pleine liberté et gâté de l’oisiveté ne sait plus rien à faire. Dans un deuxième temps, habitué à l’oisiveté et se contant seulement de consommer les produits du travail de l’esclave, le maitre revient au stade d’animalité. Car, l’animal ne travaille pas et se contente de vivre des produits gracieusement offerts par la nature. Par contre, par son travail sur la nature, l’esclave laisse ses marques personnelles, signe de son existence et de son histoire. L’esclave finit par comprendre que son travail est aussi important que lui-même et par son travail il possède et entretient la vie du maitre. Ce qui nous amène à dire que sans esclave, la vie du maitre n’aura pas de sens. Au troisième moment, le travail servile rend à l’esclave sa liberté ingénieusement reconquise contre la nature qu’il dompte au moment où le maitre, qui ne sait plus travailler avait plus en plus besoin de son esclave. Le travail apparait ici comme l’expression de la reconquise. Au quatrième moment, étant libéré psychologiquement par le travail servile et ayant développé ses facultés intellectuelles, l’esclave s’élève ainsi au-dessus de l’animalité et devient plus humais. Le travail devient donc le moyen d’une libération possible pour l’homme.

Dans la dialectique du maitre de l’esclave, nous remarquons deux moments de la prise de conscience. Dans un premier temps, le maitre se sert de l’esclave comme s’il était son propre corps, pour travailler et transformer la nature. Il n’a donc de rapport direct avec la nature que par l’intermédiaire et la médiation de l’esclave. Le maitre perd tout rapport humain avec la nature. Il vit comme un animal qui ne travaille pas mais qui jouie de ce qui est sans transformé. La deuxième étape de libération sera l’activité du travail en tant que telle. L’esclave n’a certes pas une liberté physique vis-à-vis du maitre. Mais, intérieurement, il se sent responsable et maitre de la vie du maitre. Par là, il devient le maitre de son maitre et le maitre devient l’esclave de son esclave. Ainsi, par son travail, l’esclave devient psychologiquement libre (cf. Hegel, La phénoménologie de l’Esprit trad. De Jean Hyppolite Tom1, Paris, Montaigne, 1941, pp. 161-166).

2-2 Le travail, une nécessité vitale

« Que celui qui n’a pas travaillé qu’il ne mange pas non plus »dit Saint Paul dans 2 Thessaloniciens 2, 10. L’homme est un être qui, comme tout autre être vivant, doit satisfaire un certain nombre de besoins. Or, la satisfaction des besoins n’est pas immédiate. C’est après le travail qu’on arrive à la satisfaction de ces besoins. C’est dans cette perspective que Karl Marx affirme : « en tant qu’espèce animale, l’homme est un produit de la nature. P dans le monde extérieur, c’est-à-dire travailler. Car, vivre, c’est d’abord manger, boire, se loger, se vêtir, et quelques autres choses » (Karl Marx, Doctrine économique et sociale, Paris, Seuil, 1950, p. 27.). Le travail est la plus directe des nécessités puisque sans lui, la vie ou la survie n’est plus assurée. Le travail libère l’homme de la domination de la nature et en faire maitre et dominateur. D’où, René Descartes parle de l’homme comme maitre et possesseur de la nature. Le travail est un facteur d’autonomie de l’homme dans la mesure où il se libère de ses besoins primaires inévitables. Il fait de l’homme un être autonome dans le cas où celui-ci arrive à se prendre en charge. Ainsi, Kant dit : « le paradis sans travail est illusoire et ne peut être associé à l’oisiveté et l’ennui. Le travail est ce qui fait la dignité et la grandeur de l’homme, et qui contribue à ce qu’il se construise lui-même » (Anne-Marie Drouin-Hans, l’éducation une question philosophique, Paris, Économica, 1998, p. 15.).

Pour Karl Marx, par le truchement du travail, l’homme est le démiurge de l’homme, c’est-à-dire que c’est l’homme qui se fait lui-même par son travail. Quoi qu’issu de la nature, l’être humain est le seul qui s’oppose à elle. Marx pense que le travail est une activité négatrice par excellence, celle par laquelle, l’homme nie la nature, c’est-à-dire lutte contre elle, la maitrise, la domine et le met à son service. La fin de l’homme est de dominer le monde, devenir maitre et possesseur de l’univers pour emprunter l’expression de Descartes (René Descartes, Discours de la méthode, sixième partie, Paris, Vrin, 1966, p.128).

2-3 Le travail, l’essence de l’activité humaine

Le travail définit l’homme en ce qu’il constitue la forme universelle du rapport de l’homme à la nature. L’homme fabrique des chaines d’outils qui s’articulent sur les gestes humains et les enracinent au cœur des choses Il est vrai que les animaux se livrent à des activités qui, à première vue, semblent comparable au travail de l’homme : la construction du nid d’oiseau, par exemple ressemble à la construction de la maison chez l’homme. On connait des espèces animales capables de fabrication telles que les abeilles, les araignées, les fourmis, les oiseaux…, mais le travail humain n’est pas une simple fabrication. Le travail est essentiellement une activité qui distingue l’homme des animaux, parce qu’elle est une activité réfléchie, consciente et volontaire de l’homme. Par le travail, l’homme imprime sa marque personnelle à la nature qu’il transforme. 0 la différence de l’animal, l’homme fait un projet, établit le programme d’action, réfléchit et organise son travail. Tout ce que l’homme fait sur la nature a de sens. L’animal n’a jamais et ne fera jamais un travail de représentation. Son instinct de conservation le pousse à fabriquer une niche, mais cela n’est pas toujours pensé et mieux organisé comme chez l’homme qui construit d’abord sa maison dans sa tête avant de la concrétiser.

  • LE CARACTERE SOCIAL DU TRAVAIL

Le travail nous pouvons le dire est un moyen qui lie les membres de la société. Il crée les rapports sociaux, car il exige une association.

  1. La solidarité et la communauté dans le travail

Le travail une activité de production qui permet de tisser des liens sociaux. Pers n’a de relation seul avec son propre travail. Le travail est une activité collective, sociale, même lorsqu’il s’effectue de manière solitaire et indépendante. A l’origine, il ya toujours un homme qui travaille mais on ne travaille jamais seul. « Travailler » et « faire partie » d’une société s’équivalent. Celui qui perd son travail, perd une part essentielle de son être, la possibilité d’être reconnu par les autres.

Dans la République, Platon montre que personne ne pourrait seul pourvoir à tous ses besoins. On ne travaille jamais seul, cela signifie aussi qu’on ne travaille qu’à partir des travaux des autres, avec les autres et pour les autres. Voilà, l’idée de la complémentarité dans le travail. Pour Platon, que chacun embrasse sa vocation tout en mettant au service des autres. Et c’est ce respect de chaque vocation qui fait naitre la justice. C’est cela même le fondement de la constitution de la cité de (cf., Platon, la République, livre IV, p. 186).

De plus, le travail crée les rapports sociaux, car il exige une association. Celle-ci est l’instance où les hommes peuvent se faire reconnaitre comme homme. Depuis Hegel, il est établi que l’homme n’est homme que si d’autres hommes le reconnaissent comme homme. Or, cette reconnaissance n’est possible que si l’homme s’est objectivé par son travail sur la terre.

Auguste Comte disait pour sa part que l’inventeur de la charrue laboure invisiblement à côté de laboureur. Le besoin ne s’explique pas seulement dans un simple rapport à soi, à son corps. Dès l’origine observe Platon, les hommes ont besoin les uns les autres, car ils sont inaptes à satisfaire seuls tous leurs besoins.

  1. Le travail, une activité de production socialement utile

Aristote faisait du mouvement le fondement de l’activité. Il ya activité dès qu’il ya mouvement. Mais distinguer « faire » qui concerne une pratique productive et « agir » qui concerne une activité non productive. Le concept de production suppose une transformation du réel. Il y aura, par conséquent travail que lorsque le cultivateur transforme la terre qu’il laboure. Certains économistes refusent même de considérer comme travail une activité non rémunérée, même si elle est productrice de richesse. Par exemple, cultiver les légumes dans sa cour n’est pas considéré comme travail. Ce qui veut dire que l’idée de travail implique une transformation, une production.

Mais, on peut objecter à cette idée qu’il suffit que le résultat du travail est sa valeur de marchandise pour le concevoir comme le travail. Il est clair que l’utilité économique ne correspond pas toujours à la nécessité, mais du moins une marchandise est forcement utile puis qu’elle a un prix et qu’elle peut être achetée ou vendue. Ce n’est pas, en effet, l’activité en tant que telle qui définit le travail, mais le sens que la société lui donne. L’utilité est une valeur toute relative, à la société ou à l’histoire ; une même activité sera considérée tantôt comme un loisir, tantôt comme un travail.

  • LES PROBLEMES SOCIAUX DU TRAVAIL

Du point de vue économique, en parlant des liens sociaux, le développement des individus et celui de la société, le travail est en même source de divisions, de conflits et d’exploitation entre les membres de la société d’une part et un moyen de libération sociale et individuelle d’autre part.

  1. Les problèmes de la division du travail

Platon dans la République, montre que la division du travail est nécessaire, car c’est elle qui est à l’origine de la société (cf., Platon, la République livre VII, p. 369-371. Il montre que le besoin de quelque chose équivaut au besoin de quelqu’un : j’ai besoin du boulanger parce que j’ai besoin du pain qu’il fabrique. En effet, nous trouvons à l’origine de la société l’obligation où sont les hommes de se prêter aide mutuellement pour faire face aux nécessités de la vie. De là née la socialisation politique. Cette socialisation est d’abord rudimentaire, puis différenciées par la spécialisation des fonctions qui donc la division du travail. C’est donc parce que les hommes ont besoin les uns les autres que la société est née, et la division du travail en est l’origine.

Mais, contrairement à Platon qui voit dans la division du travail l’origine de la société, Rousseau quant à lui voit en elle l’origine des conflits sociaux et de toutes les inégalités sociales. C’est le fait d’accumuler les biens pour soi seul, l’esprit de s’enrichir, l’esprit de concurrence qui sont causes des jalousies et des rivalités dans les sociétés humaines. D’où, il affirme : « enfin, l’ambition dévorante, l’ardeur d’élever sa fortune relative, moins par un véritable besoin qui pour se mettre au-dessus des autres inspire à tous les hommes un noir penchant à se nuire mutuellement, une jalousie secrète d’autant plus dangereuse,(…). En un mot, concurrence et rivalité d’une part, de l’autre, l’opposition d’intérêts est toujours le désir caché de faire son profit au dépend d’autrui (Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité, Paris, Nathan, 11990, présentation et commentaire de Jean-François Braunstein, p. 14).

2- Le travail comme source d’aliénation ouvrière

Nous savons tous aujourd’hui que nous vivons dans un univers de machines. L’introduction des machines dans le monde du travail modifie le rapport de l’homme avec travail et avec la nature. La machine a transformé radicalement la condition humaine. D’une part, elle a permis à l’homme de multiplier sa puissance d’action sur la nature, lui facilité le travail, lui a permis d’accélérer et perfectionner son travail. La machine est donc considérée comme médiatrice entre l’homme et la nature, elle en est son alliée. D’autre part, les contions du travail industriel entrainent une véritable déshumanisation de l’homme.

En effet, avant la révolution industrielle, l’homme, le travailleur suivait l’évolution du produit de son travail, il conduisait lui-même un produit du premier stade de fabrication jusqu’à la fin. Mais avec la révolution industrielle, est née la division du travail. L’ouvrier d’usine ne suit pas un produit du début jusqu’à la fin de sa fabrication. Il n’occupe qu’un seul poste fixe dans la série des opérations : machine à décharger, machine à engrainer, machine à emballer. Ainsi, chaque ouvrier ne s’occupe que de son poste qui n’est qu’une étape de la fabrication et de la production. Il ne voit jamais les autres moments de l’évolution du produit ni le produit fini. C’est ce qu’on appelle la « travail à la chaine ». Dans ce processus industriel, la machine prend la place de l’homme et c’est elle qui entre en relation avec la nature. L’homme perd sa valeur et devient en quelque sorte l’esclave de la machine. Il perd son habileté manuelle. Avec le travail à la chaine, les ouvriers deviennent interchangeables.

La société industrielle, en se développant marque en son sein la place où s’inscrit le prolétariat. S’il est vrai que l’essence de l’activité humaine réside dans le travail, alors il faut dire que dans les années de l’époque industrielle, cette essence est devenue un nœud de contradiction. Le prolétaire est matériellement asservi en étant que producteur. Dans ce mouvement, le travail devient le véhicule de la servitude de l’homme. Non seulement le prolétaire est privé du produit de son travail, mais il est aussi privé dans le travail de sa propre humanité. On donne à l’ouvrier ce dont il a besoin pour reconstituer sa force pour le travail de lendemain et de quoi s’habiller ni plus ni moins. C’est dans cette perspective que Karl Marx déclare : « tous les progrès tendent à rendre les riches toujours riches, à rendre le reste de la population de plus en plus misérable » (Karl Marx, Doctrine économique et sociale, p. 240).

Cet état de privation s’appelle aliénation. L’aliénation désigne ici à la fois l’acte par lequel quelqu’un dépose entre les mains d’autrui un bien lui appartenant en propre, et l’état dans lequel se trouve la personne ainsi dépossédée. D’où, Karl Marx affirme : « l’aliénation est le fait que l’homme se trouve dépossédé de quelque chose qui lui appartient au profit du capitalisme » (Karl Marx, Doctrine économique et sociale, p. 36). Pour Marx, le propriétaire capitaliste joue le rôle de du « maitre », l’ouvrier dénué de toute propriété joue le rôle de « l’esclave » d’après l’expression de Hegel (Hegel, Phénoménologie de l’esprit pp. 145-146). Toute la liberté de l’homme ouvrier est donc aliénée. L’ouvrier lui-même devient un être abstrait. Il ne compte plus comme personne, mais comme force du travail.

Le travail qui était considéré comme une vraie voie qui conduit à la vraie liberté humaine devient un moyen de déshumanisation avec l’apparition du système capitaliste selon Karl Marx. Ainsi, on assiste à une exploitation de l’homme par l’homme en quelque sorte (cf. Karl Marx, Doctrine économique et sociale, p. 51). L’ouvrier devient une simple marchandise. Le capitalisme est une exploitation du travailleur. Ce phénomène a double conséquence. Du côté du travailleur, il le transforme en prolétaire, qui ne possède rien, qui parvient tout juste à vivre par son travail. Ainsi, se crée une classe sociale aliénée. Du côté du capitalisme, il entraine un gonflement progressif du capital qui s’accroit indéfiniment, et se concentre en quelques mains.

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